Prenons le temps de regarder les cartes. La plupart des documents sont issus de la présentation par Nîmes Métropole lors de l’enquête publique.
1. Emplacement des cadereaux sur la cartographie initiale : le square Guiu est longé par le chemin des limites, baptisé pour le projet PAPI « cadereau des limites » (notons sur la carte ci-dessous, qu’il n’est pas prévu de double caniveau sur le square Guiu). Le cadereau des limites est un canal artificiellement augmenté, qui passe ensuite en tunnel, pour déverser les eaux de ruissellement vers le bassin de Magaille au Sud de Nîmes.
2. Carte de niveaux et PLU : Le square Guiu n’est pas le point le plus bas de la zone (courbes de niveaux retracées d’après carte IGN). Il est de plus placé en zone archéologique protégée (PLU).
Dénivelés : L’emplacement de l’entonnement actuel ne permet pas de récolter les eaux au point le plus bas (ni de récolter les eaux de ruissellement provenant de Mont Duplan/ fin Mont Margarot, et de l’ouest du versant du Mas de Roulan ), alors que les besoins de protection de la zone sont importants : école maternelle et école primaire non protégées avec le plan actuel.
Archéo : Il s’agit de 2000m² qui vont être creusés, sans fouille préalable (caractérisation de SUP par le préfet), alors que Nîmes est une ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco pour ses sites archéologiques romains.
3. Schéma des caniveaux prévus : Le projet de cadereaux construits dans le square ne peux pas épargner les plus grands arbres (contrairement à la communication de Nîmes Métropole). les plans et coupes sui suivent montrent l’emprise sur le parc, qui ne permet pas de conserver le réseau racinaire d’arbres anciens.
Seul un déplacement du cadereau des limites de l’autre côté du chemin des limites ou un décalage de quelques mètres vers le sud pourrait les épargner (la parcelle DP62 pourrait être utilisée pour entonnement puisqu’elle appartient à la Métropole).
4. Le volume récolté est surdimensionné. Le double U en béton posé à la place des arbres bordant le square Guiu récoltera 23m3/s, soit x20 de débits récoltés, alors que l’objectif fixé est de x10. L’ouvrage est surdimensionné, et ce surdimensionnement se fait au détriment d’un espace arboré urbain dont on connait l’importance aujourd’hui pour la protection contre le dérèglement climatique.
Ce que ces cartes nous apprennent : le cas du square Guiu est une maladaptation :
Maladaptation : quand les mesures d’adaptation choisies pour lutter contre un phénomène climatique répondent à un risque (les inondations) mais en accentuent d’autres (les effets des canicules) [2]
Nîmes détient d’ores et déjà le record des nuits tropicales ( >20 °C), un chiffre qui pourraient atteindre 100 jours à la fin du siècle d’après le réseau action climat[3]. Pour demain, la nécessité d’une réserve de fraîcheur est essentielle : le square Guiu doit être sanctuarisé comme une oasis publique.
D’ores et déjà, nos ainés souffrent des chaleur extrêmes, et sous le micocoulier, c’est -10°C. (c’est même la Métropole de Nîmes qui l’affirme par la voix de Sylvain Bidot, animateur territorial de la ville de Nîmes. « Son feuillage [du micocoulier] très fourni produit un petit effet glaciaire très appréciable l’été. Sous l’arbre, la température peut baisser de près de 10 degrés. ».
L’argument du dessin actuel des cadereaux est celui du maintien de la circulation telle qu’elle est, ce qui revient à détruire le square pour conserver le « tout-auto ». Les arbres absorbent le dioxyde de carbone (CO2), le plus connu des gaz à effet de serre. En piégeant le carbone, les arbres sont la solution reconnue pour atténuer le réchauffement de la planète[4].
« Ces impacts, qu’ils soient directs ou par effet de cascade, doivent dès maintenant être pris en compte dans l’ensemble des politiques publiques menées par l’Etat et les collectivités [5]» dit l’Ademe.
Nous contestons la qualification en Servitude d’Utilité Publique (SUP), qui permet le terrassement de ce lieu sans étude préalable sur :
- Impact sur le climat : abattage des arbres et modification du sol en terre).
- Impact sur la pollution : La route très fréquentée[6], à proximité de l’école maternelle et primaire, représente un vecteur de pollution qui ne sera plus compensé. Cette route est par ailleurs un carrefour extrêmement dangereux.
- Impact social : il n’y a pas d’autre espace vert, à cette altitude, pour une population qui ne bénéficie pas de jardins individuels et vit dans des immeubles en béton.
- Biodiversité : La bétonnisation induite par les aménagements entrainera une perte de la biodiversité qui ne pourra être ni étudiée ni protégée (rapaces nocturnes, nombreux oiseaux, écureuils, grenouilles sont observés mais non référencés).
- Patrimoine : Ce lieu, habité depuis l’Antiquité, sera terrassé sans fouille archéologique préalable, alors qu’il est situé dans la zone archéologique du PLU (Figure 6, p.6).
- Impact sur les sols et sur le Retrait-gonflement des argiles (RGA) : les travaux auront lieu dans une zone aux sol argileux. Les terrains argileux superficiels peuvent voir leur volume varier à la suite d’une modification de leur teneur en eau, en lien avec les conditions météorologiques. Ils se « rétractent » lors des périodes de sécheresse et gonflent au retour des pluies lorsqu’ils sont de nouveau hydratés. Ces variations sont lentes, mais elles peuvent atteindre une amplitude assez importante pour endommager les bâtiments localisés sur ces terrains. Le phénomène de retrait-gonflement des argiles engendre chaque année des dégâts considérables, indemnisables au titre des catastrophes naturelles. La grande majorité des sinistres concerne les maisons individuelles.
Les riverains voudraient que l’impact de la destruction du square soit réellement étudié, et qu’une solution alternative soit proposée, en décalant l’entonnement et l’amorce du puits de quelques centaines de mètres en aval, pour d’une part, conserver le square, ses arbres, et son sol, et d’autre part, mieux recevoir les eaux de ruissellement de la rue de la Posterle, de la rue Folco Baronelli et de la rue Baptiste Bonnet, non récupérées dans le schéma actuel.
Une pétition en ligne organisée par Urgence Patrimoines à rassemblé pour l’heure 323 signatures à la dernière mise à jour (29/01/2025).
[1] Le débit venant du chemin de Russan en amont-est du square, est de 4,40 m3/s et de 15,24 m3/s chemin des limites. Pour comparatif, au cadereau de la route d’Uzès qui fait partie de PAPI3, la rue Hoche/Vincent Faïta possède un débit calculé à 70,09 m3/s. Source : étude Egis Eau 10/2009, Arrêté n°30-2024-06-04-00002, Préfecture du Gard, p16.
[2] Voir lexique dans « L’importance des compétences locales », in La France face au changement climatique : toutes les régions impactées, Rapport du Réseau Action Climat, septembre 2024, p.93. https://reseauactionclimat.org/la-france-face-au-changement-climatique-toutes-les-regions-impactees/
[3] réchauffement moyen de +1,9°C à l’échelle nationale d’après le Rapport annuel 2023 du Haut Conseil pour le Climat , et : « les 7 dernières années (2017-2023) sont les plus chaudes jamais enregistrées dans la région, dont l’année 2022 qui est de loin la plus chaude. Cette élévation des températures continuera de progresser à un rythme que détermineront nos futures émissions de gaz à effet de serre. Par rapport à la fin du XXe siècle (période de référence 1976-2005), la moyenne régionale devrait augmenter de +1,6 à +2,2 °C d’ici 2050 selon les scénarios : il s’agit du plus fort réchauffement projeté dans l’Hexagone ». voir « La France face au changement climatique : toutes les régions impactées, 2024, p.81
[4] Jean-Francois Bastin et al. « The global tree restoration potential”.Science365,76 (2019). DOI:10.1126/science.aax0848
[5] « L’importance des compétences locales », in La France face au changement climatique : toutes les régions impactées, Rapport du Réseau Action Climat, septembre 2024, p.93. https://reseauactionclimat.org/la-france-face-au-changement-climatique-toutes-les-regions-impactees/
[6] 8000 véhicules/j d’après le comptage automatique n° 8053 réalisé par la société CDVIA du 2 au 9 juillet 2021 sur le Chemin des Limites (document transmis par la Métropole).